Le puzzle des Contes d’Hoffmann enfin complet

par Loïc Chahine · publié dimanche 28 février 2016

Retrouver de larges pans d’œuvres que l’on croyait disparus, on en rêve, non ? C’est ce qui est arrivé tout récemment à Jean-Christophe Keck avec une partie des Contes d’Hoffmann d’Offenbach.

Quand Offenbach meurt, le 5 octobre 1880, il laisse inachevés ses Contes d’Hoffmann. Pour le prologue et les trois actes, le piano-chant est prêt — il devra encore être orchestré ; l’épilogue en revanche n’est qu’à l’état d’esquisse. C’est Ernest Guiraud qui se chargera d’orchestrer la partition… qui subira dès la veille de la création de nombreuses coupures, de nombreux « aménagements », de sorte qu’aujourd’hui, d’une édition à l’autre, les différences sont grandes.

Mais quid des manuscrits originaux ? Auraient-ils été détruits ? Point du tout, seulement dispersés. Le musicologue et chef d’orchestre Jean-Christophe Keck, depuis de nombreuses années, s’attache à recoller les morceaux, à réunir les manuscrits et à y reconnaître ce qui est de Guiraud et ce qui est d’Offenbach. Jusqu’à une date récente, on savait que l’acte d’Antonia était à la Bibliothèque nationale de France, avec l’ultime reconstitution de l’épilogue par Guiraud. L’acte de Giulietta se trouve dans les archives de la famille Offenbach.

Certaines parties avaient été coupées. Quand il ne s’agissait que de quelques mesures, on se contentait de barrer, mais quand c’était plus conséquent, on retirait tout simplement le cahier… Fort heureusement, tous ces cahiers retirés ont aussi été conservés. Certains cahiers se trouvent dans les archives de la famille, d’autres ont voyagé jusqu’au château de Cormatin en Bourgogne, où résidait du directeur de l’Opéra de Monte-Carlo, puis ont vendues aux enchères par les nouveaux propriétaires et alors acquises en partie par la Koch Fondation qui les a cédées à la Bibliothèque de Yale, et en partie par Jean-Christophe Keck lui-même.

Il manquait donc encore le début : le prologue et l’acte d’Olympia. En ce mois de février 2016, après trente années de recherches passionnées, Jean-Christophe Keck, grâce à l’aide précieuse de la famille Offenbach, a retrouvé et identifié la partition d'orchestre autographe des deux premiers actes des Contes d'Hoffmann ! Ces documents que l’on croyait perdus viennent enfin compléter l'ensemble des sources relatives à cet opéra fantastique, véritable testament musical du compositeur, et un des opéras les plus jouées dans le monde. Cette découverte majeure pour la musicologie et le théâtre lyrique en général devrait apporter des réponses à bien des questions et enfin permettre une édition définitive — très attendue — de ce chef d’oeuvre du répertoire français. Espérons qu’un enregistrement viendra aussi documenter cette version au plus près des intentions d’Offenbach.

Nota bene. Cet article doit tout aux mises au point que Jean-Christophe Keck a l’amabilité de partager sur sa page Facebook et que nous reprenons littéralement par endroits — pourquoi déformer ce qui est déjà clair ? Nous lui empruntons également la photographie d’illustration.

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