par Loïc Chahine · publié jeudi 5 novembre 2015
Alors que va se tenir à partir de la fin du mois de novembre la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Paris, plus connue sous son nom de COP 21, le thème de la Folle Journée 2016 (puisque désormais, la programmation est thématique) sera « la Nature ». Il était déjà connu, et l’on avait hâte de savoir ce que la programmation réserverait à part les Quatre Saisons de Vivaldi arrangées à toutes les sauces possibles et imaginables.
La nature a été entendue dans une acception assez vaste, et plusieurs ramification seront explorées : les saisons, les paysages (incluant des souvenirs de voyage ou des voyages imaginaires), les éléments, et même le bestiaire… Cette thématique vaste permettra d’aborder un vaste répertoire qui va du xviie siècle à nos jours.
Ainsi, à côté de celles de Vivaldi et des Cuatro estaciones porteñas d’Astor Piazzolla, on entendra (normalement) celles, beaucoup moins jouées, de Marc-Antoine Charpentier, sur un texte en latin (Quatuor Anni Tempestates) constitué d’extraits du Cantique des cantiques, et aussi les Saisons (qui sont en réalité les mois de l’année) de Tchaïkovski, cycle pour piano. D’autres pièces évoqueront une seule saison, comme Le Sacre du Printemps de Stravinskyou le Voyage d’hiver de Schubert. On découvrira aussi The American Four Seasons de Philip Glass, créé en 2013. Nous disions bien : du xviie siècle à nos jours.
Du côté des éléments, on se réjouit de retrouver ceux de Rebel, ainsi que la Donnerode de Telemann, à côté de pièces plus connues comme la Water Music de Händel et La Mer de Debussy… De manière générale, l’eau devrait être très présente, puisque nous aurons aussi des fleuves — la célèbre Moldau de Smetana… mais aussi la Symphonie no 3 de Schumann dite “Rhénane”.
En matière de paysages et de voyages, on ne saurait rater les Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel de Falla, chef d’œuvre absolu, ni, pour rester en Espagne, le quintette de la Musica notturna delle strade di Madrid de Boccherini. Et puis, pour aller encore plus loin, on se réjouit d’entendre Dans les steppes d’Asie centrale de Borodine, œuvre qui a connu une grande vogue et qui, ces dernières années, semble être passée au second plan du répertoire ; ce petit poème symphonique met en scène un dialogue entre une mélodie russe et une orientale, qui finissent par s’unir… À l’heure où le Goncourt vient de récompenser le roman “orientaliste” Boussole de Matthias Énard, ces Steppes seront sans doute d’actualité. Encore plus rares, les Heures persanes de Kœchlin devraient faire l’enchantement des auditeurs qui s’y aventureront.
Enfin, côté “bestiaire”, outre le Carnaval des animaux de Saint-Saëns et le Catalogue d’oiseaux de Saint-Saëns, on entendra probablement L’Oiseau de feu de Stravinsky, le quatuor op. 64 no 5 de Haydn, “l’Alouette”… et le Quintette avec piano D. 667 “La Truite” de Schubert.
Outre Messiaen, un autre compositeur du xxe siècle — parmi d’autres, d’ailleurs — sera mis à l’honneur : Toru Takemitsu, dont 2016 marquera le vingtième anniversaire de la mort. Nombre de ses œuvres évoquent la nature, il était juste qu’il trouve sa place dans cette 22e édition de la Folle Journée.
Côté interprètes, on retrouvera des habitués (Sinfonia Varsovia, l’Orchestre de l’Oural, le Ricercar Consort, le quatuor Modigliani, le trio Wanderer, Pierre Hantaï, Maude Gratton, Luis Fernando Perez…) mais aussi quelques ensembles qui se sont plus rarement produits à la Folle Journée, comme les Esprits Animaux, le Concert Spirituel, les Paladins, le quatuor Danel, le quatuor Béla, et bien d’autres.
Comme les années passées, les musiques traditionnelles de contrées lointaines, et en particulier d’un Orient où la nature tient une place particulièrement importante dans l’imaginaire, seront aussi représentées, et l’on entendra en particulier des tambours japonais Taïko (Eitetsu Hayashi Ensemble), du chant iranien (Mahsa et Marjan Vahdat) et du Ehru, instrument de musique traditionnel chinois.
Parmi les nouveautés, on signalera que quelques concerts sont prévus au Jardin des plantes, et que pour la soirée de lancement, le même programme sera donné à la Cité des congrès, au centre de Nantes, et dans sept communes de la métropole nantaise — le même programme au même moment, avec, bien sûr, des artistes différents, une façon d’ouvrir les festivités avec un coup d’éclat. Comme chaque année, pendant la semaine qui précèdera l’évènement nantais, la Folle Journée “tournera” en région et des concerts seront proposés à Challans, Cholet, La Roche-sur-Yon, Fontevraud, Saumur, Fontenay-le-Comte, Laval, La Flèche, Sablé-sur-Sarthe, Saint-Nazaire, et (ce sera une première) à l’Île d’Yeu.
Autre nouveauté : la billetterie sur internet ouvrira en même temps que celle sur place, à la Cité des congrès, le samedi 9 janvier 2016, à 9h. L’an dernier, des difficultés et dysfonctionnement avaient été constatés pour la réservation sur internet, suite à un changement de prestataire ; le CREA et René Martin se veulent rassurants : tout sera fait pour que ces problèmes ne se reproduisent pas.
À ce propos, la digitalisation de la Folle Journée est en marche : une application sera lancée en janvier 2016, qui permettra, entre autres, de consulter les programmes détaillés et les biographies des artistes, et René Martin a d’ores et déjà exprimé le souhait de voir, pour une prochaine année, le site internet de la Folle Journée proposer, un peu comme Arte Concert ou Culturebox, de suivre des concerts (voire tous les concerts), en direct. À sa 22e édition, la Folle Journée a donc encore devant elle de belles perspectives d’évolution.
INFORMATIONS
La Folle Journée de Nantes, du 3 au 7 février 2016 à Nantes, La Cité et le Lieu Unique, et du 29 au 31 janvier 2016 en Région Pays de la Loire.
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