par Loïc Chahine · publié lundi 22 février 2016 · ¶¶¶¶
Si nous privilégions, pour des raisons qu’il serait trop long et sans doute déplacé d’exposer ici, l’écoute de disques dont l’approche est assez strictement informée, la qualité générale des productions du label NoMadMusic nous a invité à avoir la curiosité de faire une exception et à nous pencher sur les Quatuors opus 50 de Haydn par le quatuor Zaïde.
Mais avant d’y venir un peu plus en détail, « historiquement informé », ça veut dire quoi ? Ce n’est pas seulement, on le sait, « sur instruments d’époque », c’est aussi « avec l’esprit de l’époque ». Dans le cas de la famille des violons, rappelons-le, l’instrument ne se limite pas à l’instrument : ce sont aussi les cordes, qui demeurent en boyau jusqu’au début du xxe siècle, et les archets, dont la forme a beaucoup varié au long du e siècle ; ces éléments conditionnent le grain du son, les attaques, et la tenue des instruments influence aussi les modes de jeu.
Le quatuor Zaïde ne joue pas avec des archets classiques sur des cordes en boyau, mais intègre bon nombre des acquis stylistiques du mouvement historiquement informé, en particulier dans la forme des notes, les nuances, la maîtrise du vibrato. Outre ces éléments techniques, il y a surtout l’idée que la musique est un discours et doit être comprise et exécutée comme telle. Or, les Zaïde parlent les quatuors opus 50 de Haydn avec un apparent naturel et une belle absence d’affectation. On apprécie, dans leur lecture, la souplesse du phrasé, la finesse des dynamiques, le caractère volubile du propos.
Certes, on n’a pas ici la sonorité exacte du boyau, moins brillante que celle des cordes modernes, mais les Zaïde ne cherchent pas le « gros son » et jouent, tout au contraire, avec finesse. Peut-être même trop par endroits, où l’on aimerait un peu plus de « rentre dedans », pour mettre en valeur le caractère d’apparente spontanéité du propos de Haydn, et bien sûr son humour. Le quatuor Zaïde ne l’oublie pas, mais mise davantage sur une certaine élégance classique — le son même est élégant — et dépeint, comme avec réserve, un Haydn plus policé que polisson, plus équilibré que versatile.
Pour ceux qui ne seraient pas des maniaques de l’« historiquement informé » — que ce soit pour se rapprocher toujours plus près de ce que ç’a pu être à l’époque ou pour le simple plaisir du son des cordes en boyau —, il s’agira là sans doute d’une version de référence ; on la recommandera aussi aux autres, dans la mesure où, avec des qualités différentes de la version (sur instruments d’époque) du quatuor Festetics (laquelle n’est pas sans défauts, d’ailleurs), les Zaïde éclairent ces quatuors opus 50 d’un jour différent et n’est pas inapte à procurer du plaisir.
Quatuor op. 50 no 3, I, Allegro con brio
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